Lundi 6 janvier 2020, 8h30, je retrouve ma tribu d’étudiants du Master 2 RH, sur le module management du changement et conduite de projet. Je sais que ça va être un cours un peu difficile, de par son positionnement de bonne heure, après les fêtes de fin d’année …Comment capter l’attention des étudiants ? Comment leur transmettre les méthodes/outils que ces futurs leaders, cadres pourront utiliser dans leurs prochaines activités professionnelles ?
J’ai la réponse ! Comme à l’accoutumée, je vais démarrer par un icebreaker, afin de leur faire vivre des expériences qui marquent, qui bousculent, qui dérangent leurs habitudes. Et pour ce début d’année, je fais le lien avec le cours précédent sur les méthodes agiles et je me dis que leur faire vivre une rétrospective d’équipes de leurs premiers mois de Master 2, ça a du sens. Je vais utiliser une méthode douce mais alternative les chapeaux de bono. Il s’agit d’une méthode de créativité ou de résolution de problèmes où tour à tour, nous allons utiliser 6 modes de pensée différents pour réagir, apporter des idées. Se forcer à porter tour à tour un esprit factuel, un état d’esprit optimiste, pessimiste, créatif, intuitif ou émotionnel et enfin organisé, rationnel.
La question de départ de cette rétrospective était « Quel était votre objectif en démarrant votre master 2 ? » J’ai laissé à chacun, 2 min de réflexion individuelle, puis je les ai invités à coiffer les différents chapeaux. Et si je vous racontais la suite avec la méthode de De Bono.
- Coiffons le chapeau bleu d’abord, le chef d’orchestre qui organise la réflexion, la séquence. Le décor : 1 amphi, 15 étudiants, 8h30 lundi matin, 40 min pour faire vivre une rétrospective à cette tribu, les interroger sur ce qu’ils ont vécu depuis le démarrage en septembre. Les réponses sont assez similaires : réussir mon examen, obtenir le diplôme, devenir un professionnel en RH.
- Le chapeau blanc maintenant pour entrer doucement dans l’exercice, celui des faits objectifs, de l’information, des chiffres. Pas beaucoup de prise de parole, j’interroge chacun individuellement sur ce qu’il a appris, ce qu’ils vivent dans leur apprentissage. Je prends des notes au paper, je relance. Pas facile de rester neutre, quand les postures sont avachies, les réponses sont faites de bâillements ou d’apartés.
- Prenons le chapeau jaune, celui de l’optimisme, de l’évaluation positive. Depuis septembre 2019, ce que vous appréciez particulièrement ? Ca y est l’enthousiasme de la question se communique, les sourires se dessinent, les langues se délient, ça me réconforte aussi sur la suite de l’exercice et la suite du cours. Je caresse l’espoir que cet exercice les marquera.
- Autour du chapeau noir, où jugement négatif, pessimisme, avocat du diable sont de sortis. La liste de ce qui les ennuie, leurs difficultés au quotidien, leur charge de travail, des cours peu opérationnels, le mémoire à rendre… la liste s’allonge. Et là je retrouve bien l’esprit français, facile à la critique … cependant n’est-ce pas un superficiel, osent-t-ils dire vraiment les choses qui les gênent, aller au bout de leurs revendications. J’éprouve également de la difficulté à rester neutre, accueillir sans juger, interpréter. Je redonne les règles, chaque idée est valable, pas de jugement sur ce qu’est dit par l’autre.
- Enfilons maintenant le chapeau vert, celui de la créativité, la fertilité. Quelles propositions, suggestions font-ils pour améliorer leur quotidien d’étudiant ? beaucoup d’idées pour le compte des autres, peu de prise de recul sur leur mode de fonctionnement. Et moi, quelles idées pour renforcer cette séquence ? Comment la rendre plus vivante, plus pertinente ? Réaliser le travail debout, autour du paper, faire animer chaque tour de chapeau par un étudiant, reformuler chaque idée, spécifier, approfondir quand j’ai l’intuition que ça le nécessite … et naturellement je laisse la place au :
- Chapeau rouge, celui des émotions, de l’intuition. Des expressions d’inconfort pour certains face à l’avenir, du stress, de la tension pour les examens de fin janvier, mais aussi du plaisir, de la satisfaction d’avoir noué des relations amicales entre eux. Pour moi, c’est le chapeau que je préfère, car c’est là que la tête laisse parler le cœur, le corps aussi … la boule au ventre, les épaules tendues, les mains moites, la chaleur apaisante … Au démarrage du cours, j’étais un peu anxieuse de savoir comment cette séquence allait se passer, pas rassurée par leurs visages fatigués, fermés, alors que moi j’étais en pleine forme, bouillonnante. Frustrée aussi de voir cet amphi, sans chauffage, et chacun s’installant aux 4 coins. Mais heureuse également d’être là, nostalgique de retrouver cette classe, qui me fait revenir plus de 20 ans en arrière, quand j’étais à leur place, plutôt confiante face à mon avenir, intéressée, stimulée par toutes les matières que je découvrais … bon d’accord la compta analytique et les cours de finance, ça ne me faisait pas sauter au plafond, mais ça m’a été utile. Ce que j’appréciais surtout et aura été le plus grand apprentissage pour affronter le monde de l’entreprise, ce sont les travaux de groupe, les mise en situation, les projets collectifs.
- Terminons en recoiffant le chapeau bleu, notre chef d’orchestre qui va tenter de synthétiser et d’organiser maintenant la mise en action. Chaque étudiant a pu réaliser un plan d’action individuel, ce qu’il retenait pour terminer son année de Master 2 avec succès, ce qu’il arrêtait, ce qu’il allait commencer à faire.
Quant à moi, je vais continuer à expérimenter des séquences d’animation en y mettant ma créativité et mon énergie, je vais arrêter de douter de mes choix, de mes intuitions en entrant dans l’arène (au pire, je me plante … et donc j’apprends !) et je vais commencer à oser davantage imposer des conditions de réussite de mes ateliers pour les tribus que j’accompagne (une salle chauffée, pas d’amphi, tout le monde debout, …).
Et voilà un retour d’expériences d’une rétrospective d’équipe en route pour une année 2020, pleine de promesses.
Alors en ce début d’année, je vous souhaite de la créativité, de l’intuition, de l’audace au service de vos projets personnels et professionnels.
Et si vous avez besoin d’un regard extérieur bienveillant et énergisant, n’hésitez plus :
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